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 sickle the cells of our pains

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Mayella Milburn

Mayella Milburn


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MessageSujet: sickle the cells of our pains   sickle the cells of our pains EmptyDim 2 Sep - 18:36

 
Sickle the cells of our pains
Grow in deeper, deep the stains of
Our youth, our youth imbued

zola jesus / vessel

Elle avait fui. Elle ne fuyait jamais. Jamais, jamais, jamais. Quelque chose devait avoir changé. Elle ne devait plus avoir envie de se laisser faire. C’était plus simple quand elle le laissait passivement se défouler. Elle n’avait pas à errer en pyjama en plein milieu de Oak Grove. Doux Jésus, et si quelqu’un la voyait ? Et si on apprenait ? Elle jeta un coup d’oeil par dessus son épaule, comme pour s’assurer que personne ne la remarquait. Mais tout le monde la remarquait — du moins, les rares personnes se baladant un samedi soir sur Wood lane. On ne voyait pas souvent des gamines en pyjama, emmitouflées dans une veste trop grande, la joue enflée et rougeoyante, arpenter les rues. C’était du suicide. Il fallait qu’elle rentre. Avec un peu de chance, plus tôt elle rentrerait, plus courte serait sa — quoi, correction, sanction, punition ? elle n’était plus une gamine, nom d’un chien, elle n’avait plus à être punie. Ses pensées rebelles l’effrayaient. Tant qu’elle restait docile, elle savait que tout se passerait bien. Tout au plus goûterait-elle à un séjour dans la cave, cela faisait longtemps qu’elle n’y avait pas été. Mais si elle s’obstinait à fuir, à lutter, voire à riposter ouvertement, la cave serait le cadet de ses soucis.
Elle ne savait même plus comment tout avait commencé. Il l’avait surprise le nez dans des papiers — des trucs médicaux, dont elle ne comprenait pas le sens ; à la base elle cherchait un justificatif pour Hoyt. Pour une raison qui lui échappait, il avait très mal réagi, trop mal réagi. Il ne supportait pas qu’elle explore tout ce qui concernait de près ou de loin l’historique médical des membres de cette famille. Alors il l’avait trainée hors du bureau, par la peau du cou, en hurlant des obscénités auxquelles elle ne faisait même plus attention. Elle ne s’était pas confondue en excuses, comme elle le faisait d’habitude, et c’est sans doute ce qui lui attira le plus d’ennuis.
Elle n’avait pas envie d’y penser. Elle ne voulait plus penser à rien, pas même à son accoutrement ridicule ni à la marque rouge qui allait orner son visage pendant plusieurs jours. Elle allait devoir se maquiller. Elle était devenue une vraie pro en camouflage. Mais elle ne voulait plus y penser, bon sang. Ses pieds la guidèrent un peu partout dans le quartier, marchant sans but, parcourant une distance surprenante sans jamais se fatiguer. C’était l’adrénaline qui refusait de s’épuiser. Elle ne pouvait donc pas rentrer. Elle passa devant la pharmacie et s’arrêta quelques instants devant la vitrine. Quelque chose là-dedans aurait peut-être pu la soulager un peu, si l’établissement n’était pas déjà fermé. Elle observa son reflet dans la vitre, palpant précautionneusement la peau sensible de sa pommette comme si un simple contact pouvait faire disparaitre la boursouflure. Et puis quelque chose d’autre attira finalement son regard. Le reflet d’une autre silhouette, juste de l’autre côté de la rue. Elle fit volte face, juste pour s’assurer qu’elle n’était pas en pleine hallucination et, dans une vaine tentative de se dissimuler à la vue d’Ollie, alla se réfugier derrière une poubelle délicieusement nauséabonde.
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Oliver Prewett
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MessageSujet: Re: sickle the cells of our pains   sickle the cells of our pains EmptyDim 2 Sep - 18:36

Oliver hésitait à s'y déplacer. Il hésitait à se rendre à ces réunions nocturnes et rituelles auxquelles il se rendait depuis déjà de nombreuses années. Il hésitait à rejoindre une nouvelle fois Hoyt pour le suivre dans les ténèbres. L'image de la noyée lui revint en tête alors qu'il se déplaçait rapidement dans les rues quasi désertes de Oak Grove. Il jeta un coup d'oeil à son portable plus par réflexe que par réel soucis mais déjà un message de Hoyt s'affichait sur l'écran. Un message dont la signification échappait à Oliver ce qui ne voulait signifier qu'une chose : il ne l'avait pas attendu pour prendre ses immondices. Le jeune homme souffla, incapable de cacher l'angoisse qui lui tordait le ventre. Il lui semblait qu'une inexplicable envie de rejoindre son meilleur ami le tiraillait. Mais que ferait-il une fois là bas ? Le regarder se détruire, impuissant et finir par le rejoindre dans sa transe afin d'oublier son incapacité à le tirer de l'obscurité. Il continua de marcher, sans but, repoussant le moment où il monterait dans sa Buick Riviera pour rejoindre le lac. S'arrêtant à un feu de signalisation, il remonta ses lunettes sur le haut de son crâne et se pinça l'arrête du nez. L'anxiété avait atteint son crâne et une douleur lancinante envahissait sa boîte crânienne. Foutu Hoyt. Après qu'il eut traversé, il opta pour une petite rue adjacente qui lui permettrait de déboucher directement sur Wood Lane. Il marchait d'un pas rapide, pourtant son long corps ne semblait pas s'agiter et la cadence paraissait ne pas se répercuter dans ses muscles. Sans doute était-ce du à la tension perpétuelle qu'une angoisse incessante -et inexplicable- lui procurait. Une jeune femme lui fit un signe de tête alors qu'il la croisait non loin du White Pie. Il ne sut dire qu'elle était et fut d'ailleurs surpris qu'on le reconnut. Il n'avait jamais été du genre "remarquable". Pas comme Hoyt. Il décélera le pas en passant devant le café où il travaillait et hésita un instant à aller s'y aventurer : couper l'alarme, se préparer un latte et errer dans le calme des cuisines avant de rejoindre la fureur de la nuit. C'était une bonne idée. Mais si on le trouvait, il perdait son poste, et il ne pouvait se permettre ça. C'est alors qu'une silhouette familière attira son regard. Il reprit sa marche, tentant de s'avancer avec précaution de celle qu'il croyait reconnaître. Une longue natte rousse pendant sur une veste trop grande et râpée. Une veste qui avait du appartenir à Hoyt. Que faisait-elle là? se demanda inquiet le jeune homme. Il croisa alors son regard. Un regard apeuré, craintif, comparable à celui d'un animal sauvage blessé. C'est alors qu'il aperçut lorsqu'elle tourna brusquement son visage comme pour éviter tout contact avec lui, une méchante boursouflure rougeoyante. Oliver ne réfléchit pas (pour une fois) avant d'agir. Il traversa la rue sans regarder, au pas de charge et vint se planter près d'elle avec plus de précaution cette fois, comme pour ne pas la faire fuir. « Mayes… » dit-il comme pour s’assurer que c’était bien elle. « Mayes, tout va bien? » demanda t-il en remarquant son accoutrement. Vêtu d’un simple pyjama, elle paraissait frigorifiée, perdue et soucieuse.« Est-ce que je peux t’aider? » s’inquiéta t-il. « Je peux te ramener chez toi si tu veux ou-- » Il ne finit pas sa phrase, soudainement conscient que cette trace sur sa joue ne devait pas venir de très loin mais justement du foyer Milburn.
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Mayella Milburn

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MessageSujet: Re: sickle the cells of our pains   sickle the cells of our pains EmptyDim 2 Sep - 18:37

Il l’avait vue. Elle en était certaine. C’était foutu. Sa respiration s’accéléra sous l’effet de la panique et, le regard hagard, elle ne put que fixer Oliver s’approcher d’elle, rapidement, bien trop rapidement. Il ne servait à rien de se cacher derrière cette fichue poubelle, réalisa-t-elle, s’en détachant néanmoins à contrecoeur. Elle se sentait de plus en plus mal. Elle n’avait vraiment pas besoin de le croiser à ce moment précis de son existence. Elle était débraillée, pathétique et complètement paumée — qu’est-ce qu’il allait penser d’elle ? Et depuis quand ce qu’il pensait d’elle importait, bon Dieu ? Il se planta devant elle. Alors elle réagit instinctivement. Elle tourna légèrement le visage pour l’orienter de manière à ce que sa joue ne soit pas trop exposée, et vint couvrir cette dernière avec ses doigts, aussi nonchalamment que possible, pour dissimuler la zone enflammée. Sa peau était chaude sous ses doigts transis. Cela aurait pu être agréable, en d’autres circonstances.
Sa piètre tentative de faire comme si tout allait bien était un fiasco, elle le vit au regard qu’il lui lança, à la manière dont il insista pour savoir si tout allait bien. Rien n’allait bien. Mais ce n’était pas nouveau. Son coeur battait toujours la chamade contre ses côtes, et la présence d’Ollie n’arrangeait rien. Elle ne paniquait que plus encore. Quelqu’un l’avait vraiment remarquée. Elle ne savait pas quoi faire. Ses yeux cherchaient une issue de secours, quelque chose à quoi se raccrocher, et s’écarquillèrent dans une expression horrifiée lorsqu’il suggéra de la ramener chez elle. « Non ! » s’exclama-t-elle avant d’avoir eu le temps de réfléchir. « Je veux dire, non, non, tout va bien. Vraiment » Elle jeta un nouveau coup d’oeil autour d’elle, et trouva son issue de secours. Sa bouée dans l’océan déchainé. La pharmacie. Parfait. Elle inspira alors, et déblatéra ces mensonges qu’elle avait façonnés il y a longtemps, prête à les réciter dès que quelqu’un s’intéresserait de trop près à ses contusions — personne ne s’y était jamais intéressé, c’était la première fois qu’elle lâchait tout ça. « Je me suis pris une porte tout à l’heure » — elle n’avait aucune idée de ce qu’une porte laissait comme trace sur un visage, mais Oliver non plus, à tous les coups, alors le mensonge restait plausible — « alors j’ai marché jusqu’à la pharmacie pour soigner tout ça mais… » Elle sentit sa voix chevroter sans raison, et elle termina dans un couinement pathétique « …c’est fermé. »
Elle déglutit difficilement et retira finalement la main de sa joue, consciente qu’une telle attitude ne collait pas tellement avec la thèse de l’accident. « Et toi ? Qu’est-ce que tu fais là ? » Détourner l’attention — et le regard — du jeune homme vers des eaux moins troubles était le comportement à adopter. Il fallait qu’elle se dépêtre du bourbier dans lequel elle venait de s’enliser, et qu’elle s’enfuie loin, très loin, quitte à rentrer chez elle si cela lui permettait d’éviter l’embarras sordide auquel elle s’exposait présentement. Elle n’était pas trop mauvaise pour ça, Dieu merci ; les gens aimaient beaucoup parler d’eux-mêmes.


Dernière édition par Mayella Milburn le Dim 2 Sep - 18:45, édité 1 fois
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Oliver Prewett
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MessageSujet: Re: sickle the cells of our pains   sickle the cells of our pains EmptyDim 2 Sep - 18:37

Oliver ne tenta pas d’effacer l’angoisse de ses traits. A vrai dire, c’était peine perdue. Il plongea ses yeux bleus dans ceux de la jeune femme, essayant de sonder son esprit comme si une réponse pouvait s’y trouver. Mais elle s’obstinait à détourner le regard, incliner son visage de telle sorte que la contusion était hors de la vue du jeune homme. L’empressement avec lequel elle répondit apporta un premier élément de réponse à Oliver qui n’écouta que d’une oreille les balivernes qu’elle osait lui débiter. Une porte, n’importe quoi. Il pouvait apercevoir, si lui aussi penchait assez la tête la trace nette d’une main sur sa joue. Une colère sourde gronda dans son estomac, inexplicable. Ses sourcils se froncèrent légèrement, alors qu’il se questionnait sur la raison d’une telle atteinte sur Mayes. Alors qu’il l’observait tenter de sauver la face, enlevant vainement d’une manière détachée sa main de son visage, il ne put que pester mentalement contre Hoyt-cet-incapable. Et puis il se souvint que lui même devait faire face à ses propres démons, et qu’Ollie n’était pas là pour lutter avec lui. Il déglutit, soudainement pris d’une gêne à être seule avec cette si jolie et si jeune femme en sa compagnie, qui plus est soeur de son meilleur ami. Mais l’inquiétude qu’il ressentait , dès qu’il apercevait la marque rouge et les tremblements de Mayes, évinça rapidement son embarras.« A vingt-trois heure, venir voir si la pharmacie est ouverte, vraiment ? » demanda t-il d’une voix douce, incrédule. A vrai dire, cela lui importait peu de savoir la raison de cet hématome naissant, ni même de connaître la part d’ombre de la famille Milburn, ce qui comptait pour lui à ce moment là c’était la santé de Mayella. Et ce n’était pas sa tentative stérile et maladroite de dévier la conversation sur lui quitterait dériver la conversation. Il ignora donc consciemment sa question et réitéra une proposition d’aide.  « On--on peut passer chez moi pour soigner ce vilain hématome si tu veux. » Cette proposition, une fois énoncé à voix haute, lui paraissait terriblement déplacé. Pourtant Oliver préféra se taire plutôt que de retirer son offre. « Laisse moi t’aider Mayes. » offrit-il gentiment tout en posant le temps de quelques secondes une main délicate sur l’épaule de la jeune femme.
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Mayella Milburn

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MessageSujet: Re: sickle the cells of our pains   sickle the cells of our pains EmptyDim 2 Sep - 18:38

Il ne la croyait pas. Comment pouvait-il ne pas la croire ? Elle savait comment s’y prendre, elle l’avait toujours su. Mais il ne la croyait pas et elle sentit l’angoisse tordre ses boyaux. Elle n’allait pas s’en sortir. Il ne se rendait pas compte de ce qu’il était en train de faire, bien sûr. Il suintait la bonne volonté, il ne voulait pas faire de mal, pas sciemment. Mais elle sentait quelque chose se déchirer en elle, l’assurance d’être toute seule avec ses problèmes, loin de toute pitié — il avait déjà suffisamment pitié d’elle, elle ne pouvait pas aggraver son cas — loin du sentiment que quelque chose n’allait pas et qu’elle ne pouvait rien y faire et qu’elle n’essayait même pas d’y faire quelque chose. Elle n’avait même pas la force de se vexer de la manière dont il détruisait ses affirmation. Oui, sortir à vingt-trois heures dans l’espoir de trouver une pharmacie était toujours plus productif que d’attendre que sa joue devienne complètement tuméfiée. Elle faillit le lui dire, ça. Non, en fait, elle ne l’envisagea même pas. Elle ne pourrait jamais dire quelque chose du genre à qui que ce soit. Il lui proposa de la soigner. Chez lui. Et même si l’idée d’aller s’enfermer avec lui, là où aucune issue ne s’offrirait à elle, où mentir en le regardant dans les yeux ne serait pas possible, la terrorisait, elle savait que c’était la seule chose à faire. Au moins pour rester cohérente avec son histoire, pour donner un peu de consistance à ses mensonges — bien sûr, Ollie, c’est ce que je cherche depuis le début : me soigner ; pas dégager de là. Elle se savait peu crédible, et pourtant Oliver n’avait aucune raison de soupçonner quoi que ce soit. « Laisse moi t’aider Mayes, » lui enjoignit-il finalement, et c’est ce qui la poussa à céder. Il venait de lui donner un ordre, après tout. Elle ne pouvait qu’obéir. Grand Dieu, se soumettre ainsi était malsain, qu’est-ce qui lui arrivait ? Depuis quand obtempérait-elle aussi aisément ? Depuis toujours, sans doute. Depuis qu’elle avait appris qu’obéir était plus sûr que se battre. Et puis, en l’occurrence, depuis qu’elle savait qu’elle voulaitvraiment de l’aide. Elle hocha alors la tête, presque timidement, plantant son regard sur ses chaussures pour éviter de croiser celui un peu trop pénétrant du jeune homme. Elle avait envie de se blottir dans ses bras, de chercher un réconfort physique qu’on lui niait depuis trop longtemps, mais elle savait que c’était déplacé. Alors elle n’osa pas, et se contenta de lever un peu le regard pour fixer un point au-dessus de l’épaule d’Oliver. « C’est vrai, ce que je dis, tu sais. Je te jure que c’est vrai. » Elle se rapprocha de lui juste assez pour lui indiquer qu’elle était prête à le suivre, se demandant toujours comment il pouvait ne pas la croire. Elle-même se croyait.
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Oliver Prewett
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MessageSujet: Re: sickle the cells of our pains   sickle the cells of our pains EmptyDim 2 Sep - 18:38

Oliver ne comprenait pas pourquoi elle s'obstinait à lui mentir. Ne souhaitait-elle pas de l'aide ? Il n'était pas un héros ni même un chevalier servant -il n'en avait clairement pas l'étoffe- mais il pouvait l'aider, lui permettre de s'éloigner de cet environnement familial malsain et dangereux si ce bleu qui apparaissait sur sa joue était bien l'oeuvre de celui qu'il croyait. Mais Mayes s'obstinait à répéter vainement ce mensonge sur une porte criminelle. Oliver n'insista pas. Si elle ne souhaitait pas partager la vérité c'était son choix, et il ne s'occuperait que de lui venir en aide par des petits moyens. C'est ainsi qu'il lui proposa de la soigner. C'était sans doute la seule chose qu'elle accepterait de lui, l'unique geste de réconfort qu'elle s'autoriserait avant de repartir à la bataille. Une pointe de soulagement l'envahit en sachant qu'elle aurait pour elle quelques minutes voire heures de repos. Depuis le soir où il l'avait vu au théâtre d'improvisation, elle était l'une de ses premières préoccupations, au même titre que Hoyt (qui l'avait toujours été). Les enfants Milburn, ou l'obsession Oliver-ienne. Il baissa la tête à cette pensée, fixant son attention sur ses chaussures. Mais le rapprochement sensible de Mayella vers lui, comme pour lui signifier qu'elle était prête à le suivre, attira son attention, et dans un réflexe, il se reconcentra sur le visage de la jeune femme. L'ecchymose sur son visage lui donnait la nausée et faisait naître une colère dont il ne se savait pas capable. Oliver l'écouta enfoncer le clou, essayant de le convaincre de la véracité de ses propos, mais il ne répondit rien. Il n'irait pas dans son sens. Mais n'était pas prêt non plus à la discréditer. Alors, avant qu'elle ne change d'avis, il attrapa doucement sa main, qu'il serra avec délicatesse, et commença à marcher en direction de son minable petit appartement.
Elle ne tenta pas de retirer sa menotte même après quelques pas. La main de Mayes dans la sienne paraissait petite. Il aimait ce contact qu'il avait déjà expérimenter quelques semaines auparavant. Il aimait sentir la douceur de la peau de ses paumes contre ses mains plus calleuses. Il aimait sentir qu'elle s'agrippait doucement, presque timidement à ce contact, car lui même s'y raccrochait. Ils marchèrent quelques minutes sans bruit, avant d'arriver en bas d'un immeuble vétuste. Ce n'est qua ce moment qu'il céda et lâcha la main de Mayes pour sortir ses clés et ouvrir la porte. Ils montèrent ensuite un escalier étroit dont l'entretien était douteux et arrivèrent devant une porte. Avant de l'ouvrir, Oliver se retourna vers la jeune fille. « Je suis désolé, c’est le bazar. » dit-il un peu honteux avant de pousser la porte grinçante. Le studio était plongé dans le noir et sentait un mélange de café, de lessive et de cuir. Il alluma une lampe qui diffusa une lumière tamisée. Le lit dans un coin était défait, et des vêtements traînaient au pied de ce dernier. La petite table près de la cuisine dans le coin opposé croulait sous des papiers ainsi que sous un synthétiseur. Il proposa à Mayes de s’asseoir sur le lit, alors qu’il se dirigeait vers le réfrigérateur duquel il sortit un sachet de frite congelé. « Ca risque d’être froid mais ça devrait faire dégonfler ton bleu. » dit-il en tendant le sachet à Mayella. C’était étrange de la voir ici. Il ne l’avait jamais vu en dehors de chez les Milburn ou dans des lieux publics. Jamais dans l’appartement d’Hoyt et encore moins chez lui. Il osa un sourire, soudainement gêné à cette pensée. Car Mayes n’était plus la petite fille qu’il avait connu et que dans son esprit tout avait changé.
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Mayella Milburn

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MessageSujet: Re: sickle the cells of our pains   sickle the cells of our pains EmptyDim 2 Sep - 18:39

Arrête de fixer ça, eut-elle envie de lui dire, ça me donne l’impression d’être un monstre. Elle sentait son regard peser sur elle, perpétuellement, et décida de se placer à sa gauche, de façon à ce qu’il ne puisse poser son regard que sur sa joue droite, intacte. Une part d’elle-même appréciait son inquiétude et ses efforts pour l’assister, envisageait même de se laisser bercer par la douce illusion que quelqu’un pouvait prendre le relai et tout assumer à sa place, mais l’autre part de sa personne, la plus forte, savait que personne ne pouvait rien faire pour elle car il n’y avait tout simplement rien à faire pour elle. Alors les regards insistants, les mots rassurants, les moues compatissantes, tout cela n’avait rien de réconfortant. Tout cela semblait faux. Il lui prit la main avec précaution, comme si elle était prête à se briser à la moindre pression, et elle serra ses doigts autour des siens pour lui signifier qu’il n’en était rien. Non pas que cela soit important. Ce qui était important, c’était qu’il lui tenait la main. Et ce geste n’avait plus rien d’anodin, plus rien d’innocent, et elle serait incapable de dire depuis combien de temps il en était ainsi. Elle n’avait que trop conscience de cette parcelle de peau, de cette chair et de ces os, étreignant sa peau,sa chair, ses os. Elle craignait que sa gêne soit trop manifeste, que ses mains deviennent moites, mais elle avait trop froid pour que son corps trahisse quoi que ce soit. Elle s’obstina, pendant quelques instants, à marcher aussi loin de lui que possible, mais elle se rendit vite compte que leurs mains jointes étaient bien trop visibles. Elle se rapprocha alors, se colla presque à lui, comme pour effacer toute trace d’une abomination qui restait bien palpable dans le creux de sa main. Elle ne savait pas d’où venait ce malaise. Enfin si, un peu. Elle commençait à vraiment bien aimer Oliver. Mais pas dans le bon sens, elle en était sûre. Elle commençait à bien l’aimer parce que lui seul semblait se soucier un minimum d’elle — même si c’était par pitié. C’était malsain, d’apprécier une personne parce qu’elle s’intéressait à nous plutôt que parce qu’il y avait vraiment quelque chose en elle que l’on aimait. Alors bien sûr qu’elle était mal à l’aise, bien sûr qu’elle était gênée. Parce qu’elle en était à un point où elle avait tellement besoin qu’on s’occupe d’elle qu’elle avait cessé d'apprécier les gens pour ce qu’ils étaient vraiment.
Ils marchèrent pendant un moment, durant lequel elle se demanda comment il était possible qu’elle n’ait jamais mis les pieds chez lui. Elle savait à peu près où il habitait, bien sûr, mais pas une seule fois dans sa vie n’avait-elle pénétré chez Ollie. Elle perçut un sentiment nouveau se mêler aux autres. L’embarras. La peur. L’inquiétude. Et maintenant, la hâte. Il s’arrêta devant un immeuble, l’escorta jusqu’à la porte de son appartement, et s’excusa pour le bazar. Elle lui lança un regard sidéré. Il osait s’excuser pour son bazar ? Elle se baladait dans la rue en pyjama. Elle avait le visage aussi enflé que celui d’un boxeur après un cuisant K.O. — elle exagérait à peine. Le contrecoup des évènements de la soirée commençait à se faire ressentir, et ses genoux flageolaient, rythmés par les frissons qui la secouaient. Sa natte se défaisait de toutes parts, laissant tomber sur son visage et ses épaules de longues mèches de cheveux. Et il osait parler de bazar ? Elle était un bazar ambulant. Et son bazar à lui, réalisa-t-elle, avait un véritable charme, au moins.
Elle entra sans piper mot, observant bouche bée le studio, et alla docilement s’asseoir sur le lit. La vue qui s’offrait à elle traduisait à la perfection la personnalité d’Oliver. Le désordre lui ressemblait. L’agencement des meubles lui ressemblait. Même l’odeur ambiante des lieux avait quelque chose de familier. Bon sang, dans quoi s’était-elle fourrée ? Elle prit le sachet de frites qu’il lui tendait avec un sourire et un « merci » presque inaudible, et le colla prudemment contre son visage. Elle se sentait ridicule, et le froid mordait cruellement sa peau, s’immisçant rapidement dans les recoins de son corps qu’il avait jusqu’alors épargnées. Mais elle ne broncha pas, et continua d’observer la pièce avec une fascination non feinte. Elle remarqua qu’il l’observait, et se décala un peu sur le lit afin de laisser une place à côté d’elle, qu’elle tapota pour l’inviter à s’asseoir. « Je suis jamais venue chez toi. Pourquoi je suis jamais venue ? »
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Oliver Prewett
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MessageSujet: Re: sickle the cells of our pains   sickle the cells of our pains EmptyDim 2 Sep - 18:39

C'était étrange de se retrouver ainsi avec Mayes dans son appartement. Pourtant, il aimait l'observer ici, comme si l'avoir sous les yeux le rassurait. Il tenta un sourire alors qu'il la voyait appliquer le surgelé sur sa joue. L'ambiance dans la pièce était inhabituelle. Feutrée, intime. Comme si Oliver y était seul. Jamais il n'avait ressenti cette impression étrange en présence de quelqu'un dans cet appartement. Même pas en compagnie de son ex-petite amie Maddie. Même si ce n'était pas tellement le moment de penser à cela, Oliver aimait l'atmosphère dans laquelle Mayes plongeait cette pièce. La regardant fixement, un sourire timide sur ses lèvres, il se sentait idiot. Il décida alors, sans un mot de s'emparer l'un de ses sweats qui traînait sur l'unique chaise de la cuisine et le tendit à Mayes. « Tiens, tu as l’air frigorifiée. » lui dit-il doucement. C’est à ce moment qu’elle lui fit signe de s’asseoir à côté d’elle, se décalant sur le lit afin de lui laisser de la place. Maladroitement et un peu surpris, il s’exécuta. Epaule contre épaule, les deux jeunes gens laissèrent quelques secondes un léger silence s’installer avant que Mayella, d’une voix claire ne s’étonne qu’elle ne soit jamais venu ici. Il regarda l’appartement d’un oeil critique, avant de fourrer ses mains dans ses poches.« C’est une bonne question-- » eut-il pour première réponse. A vrai dire il n’était pas sure d’en connaître la réponse. Pourquoi n’était-elle jamais passé ? Sans doute parce qu’Hoyt n’était pas de ces frères qui baladent leur soeur partout. Sans doute parce qu’Oliver n’avait pas osé l’inviter jusqu’à présent. Sans doute parce qu’il avait un peu honte de cet appartement sans dessus dessous et un peu minable. Peu de gens avaient mis les pieds ici; tout au plus ses frères et soeurs, Hoyt ou Maddie. L’endroit exigu ne permettait pas d’organiser une quelconque fête et de toute manière leur fief se trouvait à l’écart du territoire urbain. Alors il regarda ses genoux et détailla sa réponse. « Peut être parce que je n’osais pas t’inviter. » A peine les mots furent sortis d’entre ses lèvres qu’il trouva cette excuse minable et pathétique. Ce n’était pas une raison. C’était Mayella Milburn, une extension de sa famille par l’intermédiaire de Hoyt, le frère qu’il avait adopté durant l’enfance. « Mais bon, je ne suis pas sure que tu aies loupé grand chose… »ajouta t-il dans un rire gêné. Car, en effet, l’embarras se faisait de nouveau sentir dans le fond de ses entrailles. Bien qu’il essayait de se persuader qu’elle n’était qu’une soeur par extension, il devait se rendre à l’évidence, Mayella engendrait chez lui plus que de simple sentiments fraternels. Et cette évidence ne faisait qu’accroitre sa gêne.
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Mayella Milburn

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MessageSujet: Re: sickle the cells of our pains   sickle the cells of our pains EmptyDim 2 Sep - 18:39

Non, ce n’était pas une bonne question. C’était une question stupide, à laquelle il y avait une multitude de réponses. Parce qu’elle n’avait rien à faire chez lui. Parce qu’il avait d’autres occupations que celle de baby-sitter. Parce qu’il n’était pas son frère, son ami, son n’importe quoi. Il était juste Oliver. Et elle était juste la soeur paumée de Hoyt.  Elle n’était pas Mayella, elle était la soeur de Hoyt. Ou la fille des Milburn. Au choix. Cette réflexion ne lui fit guère d’effet, tandis qu’elle ôtait la veste de Hoyt pour enfiler le sweat qu’il venait de lui tendre — allait-elle finir par revêtir toute sa garde robe ? Elle ramassa le paquet de frites qu’elle avait posé à ses côtés pendant qu’elle se changeait et le remit en place avec son autre main, le temps que ses doigts se réchauffent un peu. Elle essaya de procéder discrètement, afin de ne pas trop attirer l’attention sur elle, sur sa joue, sur n’importe quoi. Elle ne put se retenir de laisser échapper un petit rire surpris, cependant, lorsqu’il prétendit ne pas avoir osé l’inviter. Qu’est-ce qu’il croyait ? Qu’elle n’avait pas sa place au milieu des choses sales et désordonnées ? Oh, pitié. Elle se serait fondu dans le décor à la perfection. Cette pensée était déplacée, elle le savait. Elle n’avait pas à s’imaginer dans ce studio qui ne lui appartenait pas, comme si c’était chez elle. Qu’est-ce qui lui arrivait, bon sang ? Il lui semblait percevoir une sorte d’embarras dans la façon dont il faisait référence à son appartement. Elle ne comprenait pas pourquoi. Il avait son propre chez lui, qui n’avait rien de repoussant, bien au contraire. C’était son propre territoire. Un peu bordélique, elle le concédait, mais franchement plaisant — non pas qu’elle soit une experte en matière de logements agréables. « Moi je pense que j’ai loupé quelque chose, quand même, » marmonna-t-elle en posant sur ses genoux le paquet surgelé qui n’avait visiblement aucun effet. Elle en fixa l’emballage avec un intérêt marqué et le tritura presque nerveusement, heureuse d’avoir trouvé un prétexte pour ne plus croiser le regard d’Ollie. « J’aime bien. Je trouve que ça te ressemble. » Elle se rendit compte qu’il y avait quelque chose dans ces propos qui était incorrect en ce qu’ils semblaient suggérer. Elle se dit que c’était sans doute la fatigue qui lui faisait dire des choses qui frôlaient l’indécence. C’était probablement le cas. Son escapade nocturne, sa frayeur, les cris, tout l’avait exténuée, et elle ne s’en rendait compte que maintenant que le calme l’avait regagnée et qu’elle était bien au chaud, à l’abri de tout souci. Mais cela n’était que temporaire, elle le savait, prétendre le contraire était illusoire. Elle allait devoir rentrer, à un moment ou à un autre. « Je vais devoir y aller, » finit-elle par lâcher, la gorge nouée et quelques larmes commençant à noyer ses yeux — les garces. Elle ne voulait pas y aller. Elle ne voulait pas quitter l’atmosphère réconfortante de ce minuscule espace, ni le silence ambiant, ni la présence d’Oliver. Elle ne voulait pas rentrer et n’avoir ni réconfort, ni silence, ni Oliver. Elle aurait voulu qu’il la retienne, qu’il l’empêche de partir, mais il n’avait aucune raison de faire une chose pareille. Et de toute façon, elle ne pouvait pas repousser indéfiniment l’échéance.
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Oliver Prewett
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MessageSujet: Re: sickle the cells of our pains   sickle the cells of our pains EmptyDim 2 Sep - 18:40

La gêne était si supportable qu’il l’en oubliait presque, appréciant l’instant présent. Il aimait le contact de l’épaule de Mayella contre la sienne, l’entendre respirer paisiblement, il aimait le silence qui régnait, la chaleur de son chez soi et la voix douce de Mayella. C’était sans doute une scène surréaliste -il avait plus l’habitude de voir Hoyt affalé sur ce lit- mais c’était une scène qui en valait la peine. Il détailla la pièce du regard alors qu’il entendait Mayella lui répondre qu’elle trouvait que l’endroit lui ressemblait. Il en fut étonné. Il y avait bien quelques souvenirs et autres objets personnels: quelques photos de familles aux couleurs passées et même un Polaroïd d’Hoyt et lui même sur le réfrigérateur, un poster écorné de Vertigo et celui de leur premier set en tant que groupe, ainsi que diverses babioles, mais le studio était si petit qu’il n’avait voulu s’embarrasser d’aucune cochonnerie et parfois, a contrario de sa maison de famille, la pièce lui paraissait dépouillée. Un sourire timide flottait sur ses lèvres. Il était amusé et touché que Mayes pensa cela, bien qu’il n’aurait su dire si c’était de la simple politesse ou la transcription spontanée d’un véritable sentiment. Il opta pour la deuxième option et se sentit flatté. « merci »souffla t-il, à court de mots. De nouveau le silence s’installa. Un silence agréable et confortable, d’où la gêne s’était évaporée laissant place à un sentiment de réconfort. Il noua ses mains sur ses genoux, fixant vaguement un point sur le mur en face de lui. Il se sentait presque apaisé en la présence de Mayes. C’était étrange mais agréable. Il osa un coup d’oeil dans sa direction, remarquant qu’elle avait enlever le surgelé. Alors sans réfléchir, il porta lui même le sachet à la joue tuméfiée de la jeune femme, le gardant en place alors qu’elle semblait routier de ce geste. C’est alors qu’elle énonça la possibilité de partir. Prestement mais doucement, il prit la parole. « Tu peux rester ici pour la nuit si tu veux.. » Il n’y avait aucune arrière pensée derrière cette proposition sinon celle de la garder en vie. Si le père Milburn avait été capable de lui faire ça après une quelconque situation, que ferait-il après ce qui ressemblait à une fugue ? ou du moins c’était l’hypothèse d’Oliver qui ne croyait toujours pas à l’histoire de la porte. « Il est tard pour rentrer et je peux te laisser mon lit. » offrit-il à Mayes. Et bien que l’idée de la savoir chez lui pour la nuit pouvait l’embarrasser, il s’avérait aussi soulager.
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MessageSujet: Re: sickle the cells of our pains   sickle the cells of our pains EmptyDim 2 Sep - 18:40

Mayella ne voulait pas partir. Ni maintenant, ni jamais. C’était un véritable caprice qu’elle faisait-là, elle le savait. Elle n’avait pas le choix, il lui fallait rentrer, et le plus tôt serait le mieux. Mais elle ne le voulait pas, alors peut-être ne le ferait-elle pas. Il fallait bien reconnaitre qu’Oliver n’aidait pas tellement, non plus, à lui proposer de rester, à appliquer lui-même le froid sur sa joue, à lui donner l’impression qu’elle pouvait vraiment rester. Peut-être le pouvait-elle ? Elle s’arrêta un instant pour réfléchir, et se résolut à admettre que non, elle ne le pouvait pas. Le fait que son père risque de la tuer si elle ne rentrait pas très rapidement n’était pas si important comparé à la sensation cuisante qui naissait en elle, celle d’abuser de l’hospitalité de quelqu’un qui n’avait cure de ses problèmes familiaux — et qui n’avait pas à y être impliqué. Elle laissa sa joue s’appuyer avec plus d’insistance contre le paquet de frites — et par extension contre la main d’Ollie — l’espace de quelques secondes, afin de renforcer brièvement un contact auquel elle s’apprêtait à renoncer. Car en effet, quelques instants plus tard, elle se décida à se lever, retenant avec sa main le sachet humide afin de l’empêcher de tomber. Elle se posta devant la silhouette toujours assise du jeune homme, coinça ses mèches désordonnées derrière ses oreilles avant de réaliser que son visage était ainsi trop exposé à son goût et de les remettre à leur place, et s’efforça de lui adresser un sourire reconnaissant. « Merci Ollie, j’apprécie vraiment tout ce que tu fais pour moi, mais je ne peux pas accepter. » Elle jeta un nouveau coup d’oeil au studio, comme si elle allait le quitter à regret — c’était le cas. « Mon père ne sait pas où je suis. Il va s’inquiéter… » Elle s’efforça de gommer de ces propos le poids de la menace qu’elle sentait planer au-dessus d’elle. Son père ne savait pas où elle était. Peut-être allait-il se mettre à la chercher, à la traquer… Non, il ne ferait pas ça. Mais l’imaginer ainsi dans la rue en pleine nuit raviva une vision qu’elle avait eue un peu plus tôt dans la soirée, et ses traits se figèrent dans une expression atterrée. « Et tu allais quelque part ! Mon Dieu, je suis désolée, je t’ai retenu. » Elle jeta un coup d’oeil à l’heure et se demanda si elle avait vraiment trop abusé de son temps, s’il avait attendu avec impatience son départ depuis le début mais n’avait pas osé le dire. Il fallait qu’elle file, c’était certain, désormais. Il devait aller quelque part. Bien sûr, il n’était toujours pas question pour elle de rentrer — elle n’avait prétendu le contraire que pour alimenter la crédibilité de son petit bobard. Mais il n’était plus du tout question de rester non plus. Elle irait chez Hoyt. Avec un peu de chance, il n’aurait pas ramené de fille ce soir-là — ou filles, au pluriel. Elle dormirait chez lui, lui demanderait de l’escorter à la maison le lendemain matin, et sa présence permettrait de modérer les ardeurs du paternel.« Je suis tellement désolée, Oliver, » murmura-t-elle une nouvelle fois en reculant jusqu’à la porte. Elle sentait qu’elle devait partir. Non seulement abusait-elle de la charité du jeune homme, mais elle éprouvait une certaine inquiétude due au fait d’être là avec lui. Elle voyait bien qu’il ne croyait pas un mot de ses balivernes, et cela l’effrayait, et elle ne comprenait pas pourquoi il n’y croyait pas. Il devait y croire. Il ne pouvait pas savoir que quelque chose clochait chez elle, qu’elle se laissait faire aussi facilement, qu’elle n’était pas suffisamment bien. Et le problème, c’était que quand il la regardait ainsi, avec ses yeux gigantesques fixés sur elle comme si le reste du monde pouvait s’écrouler autour d’eux sans qu’il daigne détourner le regard, elle n’avait qu’une envie — tout lui raconter.
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MessageSujet: Re: sickle the cells of our pains   sickle the cells of our pains EmptyDim 2 Sep - 18:41

Oliver était presque détendu. Un fait rare qu’il ne put s’empêcher de noter mentalement. Etait-ce la présence de Mayella qui lui faisait cet effet ? Il n’aurait su le dire et préféra balayer cette question. A vrai dire peu lui en importait la raison pour le moment, Oliver privilégiant le confort de son invité inattendue. Il sentit d’ailleurs le visage de Mayella reposer un peu plus lourdement contre le paquet de frites ce qu’il décrypta comme un bon signe. Il raffermit la prise de sa main sur le paquet de surgelé afin que le froid puisse véritablement avoir de l’effet sur la contusion. Les minutes s’égrenèrent sans qu’aucun d’eux ne reprennent la parole. Le silence dans la pièce n’était ni lourd ni gênant. Il était agréable de pouvoir entendre les nuances de la respiration de Mayes, d’entendre les bruissements d’ailes des oiseaux dehors et de ne pas avoir à s’en faire du prochain cri qui retentirait comme au lac. Le lac. Il s’en souvint, se remémora le fait qu’il avait dit à Hoyt qu’il viendrait sans doute, et se demanda si tout allait bien de son côté. Mais il ne voulait pas quitter cette pièce, ne voulait pas quitter la présence apaisante de Mayes. Il se promit d’envoyer un message dès qu’il trouverait le temps pour ne pas faire attendre Hoyt –qui devait très certainement avoir commencé sans lui. Mais, contre toute attente, il vit Mayella attraper le sac de frites et se lever gracieusement du lit. Elle le remercia, disant qu’elle ne pouvait pas accepter. La question qui bondit dans sa tête fut « ne pas accepter quoi ? » De l’aide, du réconfort, un abri pour la nuit ? Il fut étonné qu’elle refusa son soutien, qu’elle ne puisse l’accepter alors qu’il ne demandait que ça, la soutenir. Oliver ne savait pas personnellement ce qu’elle vivait –ou du moins ce qu’elle vivait d’après ses propres hypothèses- mais il ne se voyait pas la laisser se débattre dans un capharnaüm familial comme ça. Il n’était pas un héros ni même un preux chevalier, mais sa bienveillance naturelle et ses liens forts avec certains de Milburn le poussèrent à être insistant. Il hésita à lui demander si son père s’inquiétait aussi de lui infliger ces coups. Mais il se tut, garda sa réflexion pour lui, et préféra lui offrir son portable. « Tu peux lui passer un coup de fil si tu veux, pour lui dire où tu es, que ça va… » Mais la jeune femme ne semblait pas convaincue. Elle ne se saisit pas du portable. Et Oliver, qui se sentait doucement submergé par une nouvelle tension, resta assis silencieusement, son regard toujours scotché au visage de la jolie rousse. Mayella sembla se souvenir de quelque chose, il put aisément le lire sur ses traits, et s’excusa de l’avoir retenu. Mais Oliver ne se sentait ni obligé ni même contraint. Il balaya ses excuses d’un geste vague de la main. « Ton frère n’a pas du m’attendre et doit déjà être bien occupé… Je ne pensais pas y aller en plus. » expliqua-t-il doucement. Il osa un sourire léger. Il hésita à se lever, mais resta assis, persuadé que se tenir debout avec elle la précipiterait vers son départ. Alors, il enfonça de nouveau ses mains dans ses poches et lui dit : « S’il te plaît Mayes, ne t’excuse pas. Je suis heureux de t’avoir trouvé et que tu ne sois pas tombée sur un pervers assoiffé de sang. » Un rire un peu gêné sortit d’entre ses lèvres, mais il se reprit, afficha un air sérieux afin d’entamer une conversation bien plus importante. « Je ne sais pas tellement ce qui se passe chez vous Mayes, et ça ne me regarde pas, mais je ne suis pas sur d’y retourner soit une bonne idée. Reste au moins la nuit ici. Je te raccompagnerais à la première heure. » proposa-t-il.
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MessageSujet: Re: sickle the cells of our pains   sickle the cells of our pains EmptyDim 2 Sep - 18:42

Il allait la laisser partir, elle le savait. Elle avait envie de lui hurler de ne pas la laisser partir, de la retenir, de lui faire croire qu’il avait quelque chose à foutre de ce qui pouvait lui arriver. Mais elle ne dit rien. Elle n’en revenait toujours pas qu’il lui ait suggéré d’appeler son père, juste devant lui. L’appeler aurait été une erreur monumentale. Oliver l’aurait entendue se faire hurler dessus, aurait vu à quel point elle s’écrasait devant son père, et ce dernier l’aurait convaincue en un instant de rentrer immédiatement à la maison. Non, sans façon. Son état délabré éveillait déjà suffisamment de soupçons auprès du jeune homme pour qu’elle en rajoute. Ah oui, c’est vrai, c’était pour ça qu’elle devait partir. Parce qu’il allait lui faire cracher le morceau. c’était épuisant, d’être dans la tête de Mayes. Elle ne voulait pas quitter l’appartement d’Oliver — ni Oliver lui-même, en fait — pour retourner se jeter dans les bras menaçants de son père. Et pourtant, un besoin viscéral de s’enfuir pour sauver la face l’attirait sournoisement vers la porte. Il y avait un compromis, bien sûr, bien qu’insatisfaisant. Aller chez Hoyt. Mais même ça, réalisa-t-elle avec dépit, était impossible. Car Ollie venait de lui annoncer avec nonchalance que c’était son frère qu’il allait retrouver lorsqu’il était tombé sur elle. Donc que Hoyt n’était pas plus chez lui qu’Oliver n’était censé être dans ce studio en ce moment-même. Donc que son espoir risible de trouver refuge chez son frangin n’avait plus lieu d’être. Elle sentit la résignation la gagner avec une certaine brutalité, et elle faillit enjoindre au jeune homme de rejoindre son frère comme prévu puisqu’elle allait prendre congé et retourner bien sagement dans le repaire de son démon personnel — faute de prendre soin d’elle, il pourrait prendre soin de Hoyt. Mais elle ne dit rien, car elle se souvint l’avoir entendu prétendre ne pas vouloir y aller. Et même si elle savait que c’était un mensonge, elle se tut, car lui-même s’était tu face à ses propres mensonges. Peut-être que c’était à ça qu’allait se résumer leur relation, désormais ; à des mensonges proférés sans qu’aucun des deux ne les dénoncent jamais.
Elle était prête à prendre congé, désormais, et à improviser seule — elle était la reine de l’impro, de toute manière — comme il était prévu dès le début. Elle empoigna le bas du sweatshirt et commença à l’enlever tandis que son compagnon balançait une blague vaseuse sur son hypothétique rencontre avec un dégénéré. Elle aurait peut-être souri si elle n’était pas sur le point de retourner dans la rue en pleine nuit et en pyjama. Peut-être qu’elle le croiserait, son dégénéré, sur le chemin du retour. Peut-être même qu’elle verrait cette rencontre comme une aubaine, face à ce qui l’attendait à la maison. Mais ce qui lui glaça vraiment le sang, ce fut ce qui suivit. Il venait de formuler clairement ce que Mayes avait peur qu’il ait ne serait-ce que brièvement envisagé dans un moment d’égarement. Il venait de suggérer que quelque chose d’anormal se passait chez elle, sous son toit, et qu’elle laissait faire. Elle se figea en plein mouvement, les bras empêtrés dans le tissu du vêtement quelque part au niveau de sa tête. Être ainsi enchevêtrée lui octroya au moins quelques instants pour reprendre ses esprits, car elle avait senti son visage se décomposer et les quelques secondes qu’elle passa à enfiler à nouveau le sweat à moitié enlevé n’eurent qu’un effet limité sur son expression livide. Elle le fixa quelques instants, éberluée, avant de parvenir à bredouiller quelques mots. « Je ne sais pas ce que tu t’imagines, Oliver. Je ne sais vraiment pas, mais je pense que tu te trompes. » Elle savait que son air atterré jouerait en sa faveur, qu’il croirait percevoir-là du dégoût face à ce qu’il sous-entendait et non pas de la terreur due au fait qu’il savait. Il n’avait pas besoin de ses aveux. Non, ce dont il avait besoin, c’était d’une version des faits crédible, de quelque chose de satisfaisant et passablement révoltant, mais pas trop. Il n’avait pas besoin de tout savoir. « C’est la première fois que ça arrive, » commença-t-elle, la gorge nouée. « C’est vraiment la première fois. On s’est disputé. Il s’est énervé, je lui ai dit des choses… des choses pas sympa… » Pendant toutes ses années de lycée, elle avait entendu ses camarades de classe raconter comment elles se rebellaient contre leurs géniteurs, comment elles se disputaient avec eux pour mieux s’affirmer. En prétendant avoir riposté, Mayella s’assurait ainsi de passer pour une fille normale, pas pour une mauviette qui se laissait marcher dessus. Les mots sortaient plus vite de sa bouche, comme si son cerveau avait intégré le mensonge et le restituait joyeusement, faisant déferler hors de sa bouche un torrent de balivernes presque aussi intense que le flot de larmes qui s’écoulait le long de ses joues. Elle ne s’était pas rendu compte qu’elle pleurait — elle s’en rendait toujours compte trop tard, une fois qu’il n’était plus possible de nier la présence des larmes. C’était arrivé d’un coup, il faut dire. En plein milieu d’une phrase, comme ça, sans crier gare. C’était pas beau à voir, bien sûr, avec ses cheveux emmêlés et ses épaules secouées de sanglots incessants, mais elle ne pouvait pas s’arrêter maintenant. « C’était un accident. Il le regrette, je le sais. Mais j’ai paniqué, alors je suis partie. Je savais pas quoi faire, tu comprends ? » Elle n’était pas certaine qu’il puisse comprendre un traitre mot de ce qu’elle hoquetait, alors elle répéta une dernière fois ce qui était le plus important. « C’était la première fois. »
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Oliver Prewett
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MessageSujet: Re: sickle the cells of our pains   sickle the cells of our pains EmptyDim 2 Sep - 18:42

Oliver ne voulait pas qu’elle parte. Il en était certain sans pourtant pouvoir véritablement l’expliquer. Il se disait que c’était pour la protéger d’une vie familiale chaotique et d’un père certainement violent, mais il ne pouvait nier que c’était plus que ça. Il la regarda se lever, l’observa commencer à se débarrasser de son sweatshirt, prête à le quitter. Alors il déblatérait des idioties, dans un espoir vain de dédramatiser une situation, de cacher à la jeune femme la déception de la voir partir et puis la peur, une peur mordante qui ravageait ses boyaux soudainement. Alors, il reprit son sérieux et osa aborder le sujet qui fâche. Le sujet qui semblait être au cœur même de cette rencontre inattendue, de cette soirée surréaliste. Sans doute n’aurait-il pas du, car à peine les mots avaient-ils franchi ses lèvres qu’il observa Mayes s’arrêter nette dans son mouvement, comme figée par les soupçons qu’il énonçait. Il hésita à se lever pour l’aider à se dépêtrer des méandres du tissus, mais peut être avait-elle besoin de temps pour trouver son calme. Peut-être avait-il tout faux et qu’il venait de heurter la jeune femme à tel point qu’elle souhaitait lui envoyer son poing dans la figure pour avoir pu envisager ce scénario même une seconde. Et alors qu’Oliver s’attendait au pire, il put la voir remettre doucement en place le sweat, un air éberlué plaqué sur son visage livide. Il déglutit avec difficulté, incapable de savoir ce qui allait se passer. Mayes plongea son regard (qui lui sembla paniqué) dans le sien avant de tenter de nier une nouvelle fois. Ou du moins de raisonner un Oliver qui s’était emballé sur des conclusions hâtives. C’est alors qu’elle lui expliqua que c’était la première fois. Elle expliqua, excusa, justifia pratiquement ce bleu, pourtant, dans le fond, Oliver restait persuadé que ce n’était que la moitié de la vérité. Ce qu’il se garda bien de dire, car à peine Oliver aperçut des larmes envahirent le visage de la jeune femme qu’il regretta amèrement de l’avoir poussé ainsi dans ses retranchements. Dans l’impulsion du regret et de la légère panique qu’entraînait chez lui l’idée de l’avoir fait pleurer, il attrapa sa main, se leva, et délicatement la prit dans ses bras. Il entoura le corps frêle de Mayes dans une étreinte enveloppante alors qu’elle hoquetait contre son épaule. Elle ne se débattit pas bien qu’il crut sentir dans les premières secondes une tension apparaître dans le corps de Mayella. Pourtant ils restèrent ainsi pendant de longues minutes, sans un mot si ce n’est les sanglots de la jeune femme pour briser le silence. Oliver, après avoir un peu réfléchit, se décida enfin à s’excuser. « Je suis désolée Mayes, je ne voulais pas te mettre dans cet état… » Dit-il piteusement, sans se départir de son étreinte. « Ca ne me regardait pas.. » s’excusa-t-il d’une voix basse. Un sentiment d’incapacité l’envahit, rongeant lentement le peu de confiance en lui qu’Ollie détenait. Il l’avait fait pleurer et une véritable culpabilité découlait de cet évènement. Néanmoins, cet accident n’avait pas que des mauvais côtés, et Oliver devait avouer que l’étreinte qu’il partageait à ce moment même avec Mayes était une action plaisante et dont il ne souhaitait pas la fin. Son visage un peu plus enfouit dans les cheveux de la jeune femme que précédemment, il ajouta : « Je peux te ramener chez toi dès maintenant si tu en as envie, mais mon offre est toujours valable si tu préfères attendre que les choses se tassent. » Il n’avait jamais été quelqu’un d’obstiné, mais ce soir, il s’avérait être persistant tant son souhait de la garder près de lui était fort.
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MessageSujet: Re: sickle the cells of our pains   sickle the cells of our pains EmptyDim 2 Sep - 18:43

Elle avait touché le fond. Être plus pitoyable aurait été difficile, avec ses yeux bouffis, son accoutrement ridicule, son visage disgracieux et ses aveux lamentables. Non, en effet, elle aurait vraiment eu du mal à faire davantage pitié, et savoir qu’elle se ridiculisait ainsi lui donnait envie de disparaitre pour ne plus jamais refaire surface. D’autant plus qu’elle aurait été incapable d’expliquer exactement pourquoi elle pleurait. Bien sûr, la fatigue jouait grandement. La déception de savoir Hoyt absent et oublieux de ce qui se passait ne facilitait rien non plus. Mais la frustration de ne rien pouvoir dire tout en voulant tout raconter la tiraillait tellement qu’il lui avait fallu moins de cinq minutes pour s’effondrer en une épave pathétique. Si son père la voyait, là, maintenant, tout de suite, il aurait la confirmation qu’elle était bel et bien la chose incapable qu’il estimait qu’elle était. Mais son père n’était pas là pour la voir, et c’était tant mieux, car Oliver réagit d’une façon que Mr Milburn n’aurait pas approuvée. Il lui saisit la main le temps de se lever — à croire qu’ils ne faisaient plus que ça ces derniers temps, se tenir la main, non pas qu’elle s’en plaigne, mais ce n’était pas le propos — avant de la prendre dans ses bras, et franchement, elle n’eut pas la réaction qu’elle aurait aimé avoir. Elle aurait aimé s’engouffrer dans la bulle de réconfort qu’il lui présentait, sans hésiter, sans rechigner une seule seconde, en lui rendant son étreinte avec la même spontanéité. Mais tout ce dont elle fut capable, ce fut de se raidir tandis que les larmes affluaient plus encore. Ce n’était pas par gêne ou répulsion qu’elle réagit ainsi, mais plutôt par stupéfaction. Non pas qu’elle soit totalement privée de la moindre forme d’affection ou du moindre contact physique. Mais cette forme d’affection (???), ce type de contact physique, avaient quelque chose de quasi inédit. Elle était habituée à l’affection brute de Hoyt, à ses propos bourrus et ses gestes désinvoltes. Elle était habituée aux sourires bienveillants de ses camarades d’impro. Elle n’était pas habituée à être dorlotée, cajolée, comme elle l’était ainsi dans les bras d’Ollie. Doux Jésus, c’était presque agréable. Presque, bien sûr, car il y avait un problème. Un problème de taille, qui la déchirait perpétuellement à chaque fois qu’elle interagissait avec Oliver ou Hoyt ou son patron ou n’importe que autre homme. C’était inadmissible, bien sûr, de craindre un homme sous prétexte qu’il était un homme. Rationnellement, elle savait qu’elle avait tort. Elle savait que ce n’était pas le sexe d’une personne qui déterminait qui cette personne, mais son caractère, son histoire, ses choix, tout un florilège de critères parmi lesquels le fait de posséder ou non un pénis ne jouait qu’un rôle minime. Elle s’efforça de se rappeler ça, de se le répéter en boucle tandis qu’il s’excusait pour rien et qu’elle déversait des litres et des litres de fluides sur son t-shirt, le visage soigneusement caché contre lui pour qu’il ne voie pas le déchet qu’elle était. Elle l’entendait respirer juste à côté de son oreille et sentait son souffle faire voleter ses cheveux, dans un rythme régulier, si apaisant qu’elle finit par se détendre, muscle par muscle. Ses sanglots avaient cessés depuis quelques minutes déjà, mais avaient été remplacés par de furieux hoquets dont elle parvint à se débarrasser. Même ses larmes finirent par se tarir, ce qu’elle n’aurait pas cru possible. Il insista à nouveau pour qu’elle reste, et elle enroula alors ses bras autour de sa taille et serra, fort. Un peu trop fort, peut-être ; une personne normale ne se cramponnerait pas à un corps avec une telle urgence. Et puis, le visage toujours enfoui dans le tissu humide du t-shirt, elle marmonna, presque inaudible : « Je vais rester, alors. Mais à une seule condition. Je prends le canapé. » Elle savait qu’elle ne dormirait pas, de toute façon. Autant que l’un d’eux dorme paisiblement dans un vrai lit.
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MessageSujet: Re: sickle the cells of our pains   sickle the cells of our pains EmptyDim 2 Sep - 18:43

Oliver détestait la voir dans cet état, et se détestait encore plus de l’avoir mise dans cet état. Il pouvait la sentir trembler tout contre lui, hoqueter contre son épaule, sangloter dans ses bras. Il resserra doucement son étreinte sur son corps frêle secoué par l’émotion et la fatigue qu’avaient du engendrer ces dernières heures éprouvantes. Il se posa la question, alors qu’il respirait doucement tout contre la chevelure soyeuse de Mayella, si Hoyt avait du subir le même genre de traitement, mais il ne se souvint d’aucune trace suspicieuse sur le corps de son meilleur ami. Les derniers propos de Mayella étaient donc vrais. Pourtant un doute, bien au fond de sa pauvre cervelle, subsistait. Il ne connaissait pas bien Mr Milburn malgré le grand nombre d’années qu’il avait passé en compagnie d’Hoyt, toutefois il se souvenait très clairement ne jamais avoir eu d’affinité pour cet homme. Une sorte de crainte sous-jacente, des doutes inconscients, une véritable intuition négative quant au possible caractère de cet homme imposant. S’en serait-il donc pris uniquement à Mayella ? Et si oui, depuis combien de temps ? Autant de questions qui restaient sans réponse et qu’Oliver ne trouvait pas le courage de poser. Il préféra rester immobile et silencieux, ses grands bras autour du corps de Mayes tel un abri dont elle semblait avoir été dépourvu. Les minutes s’égrenèrent avant qu’il ne sente le corps de Mayes se détendre et les larmes se tarirent. Et soudainement, contre toutes attentes, Mayella enroula ses bras autour de la taille d’Oliver, le serrant tout contre elle. Il en fut étonné mais néanmoins apaisé. Elle ne paraissait pas lui tenir rigueur de ses accusations. Elle accepta même finalement son offre, ce qui soulagea Oliver. Il s’écarta alors doucement de leur étreinte, ses mains étreignant les épaules de la jeune femme afin qu’elle lui fasse face quand il lui parlait. « Avant de dormir, laisse-moi te faire un café, un thé ? Tu es frigorifiée. » Il lâcha son emprise pour se diriger prestement vers ce qu’il considérait comme sa cuisine. « Tu as peut être besoin d’un autre pyjama ? » l’interrogea t-il. « Tu peux te servir Mayes, prendre un t-shirt, un survêt’, ce qui te conviendra. » Il ouvrit les placards à la recherche d’une tasse propre et de quoi faire un breuvage décent. Il s’occupa de mettre de l’eau à chauffer et se retourna vers une Mayella qui paraissait éreinté. Il s’approcha à nouveau d’elle, plaqua sa main contre son épaule et l’enjoignit de se rasseoir sur le lit. « Tu as besoin de repos et ce n’est pas sur mon canapé que tu vas le trouver. On va s’arranger pour cette nuit, assieds toi. » Sa voix était douce, presque des chuchotements comme si la plénitude de sa voix risquait de réveiller ses larmes. Sa main ne se déplaça pas de cette épaule tant que la jeune femme ne fut pas assise. C’est alors qu’il lui sourit tendrement. Il retourna à la bouilloire, servit une tasse pour Mayella et la lui apporta. « Si tu as besoin de quoique se soit Mayes, n’hésite pas. La salle de bain est là-bas si tu veux l’utiliser avant de te mettre au lit. » Il était bien plus détendu maintenant, maintenant qu’elle avait arrêté de pleurer, qu’elle restait. Un véritable soulagement s’était emparé de lui ce qui le rendait efficace, amis très certainement moins alerte du surréalisme de la situation. Une situation qu’il s’avérait aimer.


Dernière édition par Oliver Prewett le Dim 2 Sep - 18:44, édité 1 fois
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Mayella Milburn

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MessageSujet: Re: sickle the cells of our pains   sickle the cells of our pains EmptyDim 2 Sep - 18:44

La quiétude dans laquelle ils s’étaient confinés se vaporisa au moment-même où elle finit par accepter de rester. Oliver s’anima soudainement, mû par une énergie coriace dont elle manquait cruellement, à lui proposer à boire — « oui, je veux bien un thé, s’il-te-plait, merci », répondit-elle machinalement — avant de se propulser vers son coin cuisine. Elle avait du mal à le suivre. Son cerveau fonctionnait au ralenti tandis que le corps d’Ollie bondissait à droite et à gauche — à quoi marchait-il ? Elle eut du mal à décider si elle était plus encline à rester dans son pyjama passablement repoussant ou à aventurer ses mains dans un placard totalement inconnu pour en extraire Dieu savait quoi. Elle avait quelques scrupules à fouiller dans les affaires d’Oliver, mais en même temps, le bas de son pantalon n’avait toujours pas séché depuis son passage dans une flaque et une certaine curiosité commençait à bourgeonner en elle — curiosité sans doute un peu malsaine, mais bon, il lui avait donné l’autorisation, après tout, n’est-ce pas ? Alors tandis qu’il s’affairait le dos tourné, elle se glissa jusqu’à son armoire — ou ce qui faisait office d’armoire, plutôt — et se mit à y farfouiller aussi silencieusement que possible. Elle eut la présence d’esprit de choisir un t-shirt situé tout en bas de la pile, signe qu’il n’avait pas été porté depuis longtemps et que l’emprunter ne constituait pas une trop grosse offense — enfin elle espérait. Trouver un pantalon s’avéra plus ardu, cependant — bien sûr, ça aurait été trop facile sinon. Elle envisagea même de ne pas lui en piquer du tout, mais il fallait bien reconnaitre que c’était ce dont elle avait le plus besoin vu l’état dans lequel le sien était. À contrecoeur, elle finit par en extirper un qui ne semblait pas aussi grand que les autres — de quoi allait-elle avoir l’air ? et si elle rentrait, finalement ? Elle réfléchissait à toute allure, inquiète à l’idée qu’il la trouve plantée en plein milieu d’une pièce sans rien faire, droite comme un i avec entre ses doigts deux pauvres vêtements qui pendaient misérablement. Il la trouva comme ça, d’ailleurs, mais ne fit aucune remarque sur son inaptitude apparente, toujours relativement survolté et désormais occupé à la guider jusqu’au lit, une main solidement posée sur son épaule. Ce minuscule contact lui permit d’oublier pendant l’espace de quelques secondes qu’elle ne savait pas trop ce qu’elle faisait là, comment elle devait se comporter, où se mettre pour ne pas se faire remarquer. Elle le laissa la guider, bien docilement comme elle savait si bien le faire, et s’assit en attendant qu’il lui apporte sa tasse. Il ne voulait pas se plier à sa seule exigence. C’était un motif suffisant pour déguerpir ça, non ? Invoquer le fait que son unique condition était en train d’être bafouée pour aller se réfugier dans une maison qu’elle connaissait, avec des codes qu’elle maitrisait et une atmosphère qui ne la troublait pas ? Il revint avec sa tasse — elle ne s’était même pas aperçue qu’il s’était éclipsé, en fait — et lui suggéra de faire un passage dans la salle de bain. Ah oui, c’est vrai, il lui fallait encore se changer. Dans quoi s’était-elle embarquée, bon sang ? Elle avala une gorgée de son thé brûlant avant de poser la tasse par terre, juste au pied du lit pour éviter de la renverser, et se leva. Elle s’était brûlé la langue, cette débile. « Je… Je vais me changer. » Ses pieds l’amenèrent vaillamment jusqu’à la salle de bain mais avant d’y entrer, elle trouva le courage d’ouvrir à nouveau la bouche. « J’ai dit que je restais à une condition, Ollie. Et j’ai pas forcément envie de m’en aller… » Elle disparut dans l’autre pièce avant qu’il ait eu le temps de répliquer quoi que ce soit, de peur qu’elle ait du mal à continuer d’affirmer sa volonté. C’était vrai, après tout, pour une fois qu’elle essayait de s’imposer, voilà qu’on refusait d’accéder à sa requête. Elle ressortit quelques instants plus tard, rouge comme une pivoine avec son t-shirt Pacman délavé et son pantalon de survêtement roulé trois fois à la taille dans l’espoir de le raccourcir — il était finalement aussi grand que les autres. Elle tenait ses vêtements à la main et décida qu’elle n’était vraiment pas assez habillée, alors, tout en revenant s’asseoir sur le lit, elle enfila à nouveau le sweat qu’il lui avait prêté. Elle balança le reste de ses affaires dans un coin et prit à nouveau sa tasse qu’elle porta à ses lèvres comme si de rien n’était. Après un silence mesuré, elle reprit la parole, toujours aussi peu assurée. « J’apprécie vraiment tout ce que tu fais Ollie. Je t’en suis sincèrement reconnaissante. Alors si jamais tu veux quelque chose en retour… » Elle n’était pas certaine de ce qu’elle voulait dire par là. Elle avait peur de vouloir dire quelque chose de déplacé, de suggérer sans s’en rendre compte quelque chose dont le sens lui dépassait. Alors, dans l’espoir de témoigner de sa bonne volonté, elle lui lança un sourire — le tout premier de la soirée.
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