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  mayes ♒︎ oh your eyes they show it all

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Mayella Milburn

Mayella Milburn


Messages : 138
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MessageSujet: mayes ♒︎ oh your eyes they show it all     mayes ♒︎ oh your eyes they show it all	 EmptyJeu 3 Jan - 20:45


☆ mayella milburn ☆
When is a monster not a monster?
Oh, when you love it.


PRÉNOM: Mayella. Oui, c'est tout droit sorti de To Kill a mockingbird. Elle ignore pourquoi on lui a donné ce prénom et s'évertue à se faire appeler Mayes (même si rares sont ceux qui se plient à cette exigence). ♢ NOM: Milburn. Un nom banal pour une fille banale dans une famille banale. Le genre de nom que personne ne retient très longtemps. ♢ ÂGE: Elle a dix-huit ans. Plus pour très longtemps ­— même pas trois semaines — mais bon. ♢ DATE ET LIEU DE NAISS.: Elle est née à Oak Grove — et y mourra sans doute — le 14 Août 1995. ♢ ORIGINES ET NATIONALITÉ: Pure américaine — enfin il lui semble. ♢ EMPLOI ET/OU ÉTUDES: Elle n'a pas les moyens de faire des études, alors elle s'est trouvé un emploi au petit musée de Oak Grove. Il lui arrive également de faire du baby-sitting, mais ça ne compte pas vraiment. ♢ STATUT CIVIL: célibataire. Sa dernière — et unique — relation amoureuse remonte à ses seize ans, avec un jeune homme au menton trop long et au regard trop austère, qu'on appelait Gary parce qu'Edgar, ça le faisait grincer des dents. ♢ STATUT FINANCIER: précaire. Elle vit chez son père et dépend énormément de lui, son salaire minable ne lui permettant pas de s'assumer pleinement. ♢ STATUT FAMILIAL: catastrophique ? Elle vit seule avec son père et a un grand frère. ♢ ORIENTATION SEXUELLE: hétérosexuelle. ♢ GROUPE: TOUCHED BY AN 'A'-NGEL. ♢ AVATAR: Sophie Turner. ♢ CRÉDITS: aryastraks@tumblr.

our fingers are stuck in the socket
Votre personnage est-il ou a-t-il été touché par un ou plusieurs messages de A- ? Non, et cela n'a rien d'étonnant. Mayella est le genre de filles qui passe inaperçu, que l'on ne remarque guère et à qui on ne s'intéresse que modérément. Elle n'a jamais suscité un réel intérêt auprès de A- (ce qui l'arrange bien, à vrai dire), parce qu'elle est banale et semble dépourvue du moindre secret. Semble, en effet, car sa vie de famille est au final assez chaotique et pourrait peut-être défrayer la chronique si Oak Grove venait à se trouver en pénurie de choses croustillantes sur lesquelles se faire les dents.
Votre personnage a-t-il connu Veronica Desroses ou a-t-il été en contact avec un membre de sa famille ? Mayella ne connait personne, personne ne connait Mayella. C'est ce que la rouquine aime à croire, même si c'est une tendre illusion. Elle a entendu parler de Veronica, bien sûr, mais elle ne l'a jamais connue personnellement. Elle est un peu en dehors de tout cercle social normal. Elle ne suit pas d'études, ne sort que très peu, et travaille dans un musée miteux que seuls des retraités en dépression visitent occasionnellement — rien qui lui permette de connaitre Veronica Desroses.
Nous avons tous des secrets, votre personnage y compris, un de ses secrets a donc forcement été dévoilé par A- mais quel est ce secret ? Oh, vous savez, le fait qu'elle ait passé quelques années au collège à rembourrer ses soutiens-gorge avec des chaussettes ne compte sans doute pas comme un vrai secret, donc pas de quoi allécher A-. La seule chose qu'elle cherche à dissimuler, qui pourrait vraiment lui faire du tort, n'a pas encore fait surface, et elle fait en sorte que cela reste ainsi. Ce n'est pas comme si on s'intéressait particulièrement à ce qu'il se passe chez elle, de toute façon. L'irascibilité de son père, ses accès de violence, sa propension à dénigrer sa progéniture, son don pour créer la dépendance, autant de choses que personne ne voit ni ne cherche à voir — Dieu merci.

till you showed up with perfect timing
Mayella vit toute seule avec son père, dans une maison trop grande pour lutter contre la solitude mais trop petite pour trouver de bons endroits où se cacher. Car il lui en faudrait, des cachettes, à cette gamine, pour échapper à l'ire de son père. Elle ne sait pas trop pourquoi, mais son géniteur lui en veut — elle pense que c'est parce qu'elle est une fille et il voulait encore un garçon, encore, encore, encore. Il la terrifie, sincèrement, complètement, mais elle arrive à dissimuler sa terreur. Il arrive parfois qu'il perde complètement le contrôle, que sa colère quitte les mots pour explorer les coups, mais c'est devenu rare — d'autant plus rare qu'elle a pris l'habitude de glisser des somnifères dans la nourriture de son père lorsqu'elle sent que tout peut basculer. C'est sale, sans doute, mais les Milburn sont tous des sales. ○ Elle a un grand frère, Hoyt, avec qui elle a du mal à maintenir un réel lien depuis qu'il a quitté la maison familiale, il y a de cela plusieurs années — trois ans, peut-être quatre. Il n'a pas très bien tourné, elle le sait et en souffre beaucoup, étant donné qu'elle ne peut pas même se tourner vers lui lorsque les choses dégénèrent à la maison. Elle en est même à un point où elle envisage d'abord d'aller sonner à la porte du meilleur ami de son frère plutôt que celle de son propre frère. Si c'est pas inquiétant, ça. ○ Mayella est passionnée par le théâtre d'improvisation. Elle a commencé quand elle avait quatorze ou quinze ans, encouragée par sa prof d'anglais. Les débuts ont été laborieux, bien sûr, mais maintenant, maintenant, personne ne pourrait nier qu'elle est faite pour ça. Quand elle est sur scène, elle n'a plus rien de la fille réservée qui longe les murs pour qu'on ne la regarde pas. Elle rayonne, s'épanouit, sourit plus que jamais et fait rire les gens avec une facilité que personne ne soupçonnerait. Seulement, elle fait en sorte que personne qu'elle connait ne la voie sur scène. Seuls son père et son frère savent qu'elle fait du théâtre, mais elle n'autorise aucun des deux à venir la voir — les dissuader n'a rien de compliqué puisqu'en général ils ne veulent même pas se pointer à la moindre représentation. ○ C'est d'ailleurs un peu à cause du théâtre qu'elle est coincée chez son père. Son salaire minable sert à payer son inscription auprès de la troupe et ne lui permettrait en aucun cas de subvenir à ses besoins toute seule. Alors elle a choisi de rester avec son père et sa colère pour pouvoir s'évader de temps en temps, plutôt que prendre son indépendance et se retrouver sans exutoire. ○ Elle aimerait bien avoir un chien. Enfin avoir est sans doute le mauvais terme. Elle ne veut pas posséder un être vivant, elle ne sait que trop bien ce que ça fait que de devoir se plier à la volonté excentrique d'un être prétendument supérieur. Non, ce qu'elle veut, c'est un compagnon canin, une petite créature qui lui donnerait de l'amour et à qui elle donnerait de l'amour. Mais bon, ce n'est pas possible pour le moment, alors elle va se donner de l'amour à elle-même. ○ Elle se tresse presque toujours les cheveux. C'est le compromis idéal, sans doute. Cela lui permet de garder ses cheveux longs tout en évitant de les avoir perpétuellement dans la figure. ○ Sa mère est partie alors qu'elle avait treize ans. Son père lui a dit qu'elle était partie avec un autre, cette salope. Mais elle commence à envisager une tout autre raison, dont elle fait désormais l'objet. ○ Son job au musée a au moins l'avantage de lui avoir permis d'apprendre toute l'histoire de la ville et de ses environs. Du coup, il lui arrive parfois de faire une petite leçon d'histoire en dehors du cadre professionnel — le plus souvent aux filles de sa troupe de théâtre, parfois au pauvre Oliver qui doit avoir envie de l'étriper mais est trop poli pour s'arrêter de sourire.

PRÉNOM: noémie. ♢ PSEUDO: gendries/enimoe. ♢ ÂGE: 21 ans. ♢ AVIS SUR LE FORUM: bégééééééé. ♢ FORUM TROUVÉ GRACE A: Sarah (Oliverlebg). ♢ DERNIER MOT:  :youpi: .
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MessageSujet: Re: mayes ♒︎ oh your eyes they show it all     mayes ♒︎ oh your eyes they show it all	 EmptyJeu 3 Jan - 20:46

when your eyes got me drunk i was sober


Il y avait cent cinquante sièges. Cent cinquante personnes assises face à elle. Cent cinquante visages levés vers elle. Cent cinquante paires d'yeux rivées sur elle. Mais rien de tout ça ne la déphasait. Il n'y avait qu'elle et le piètre éclairage qui illuminait la scène, et les autres — Zola, Imogen, Trudy, et d'autres encore, mais il n'y avait qu'elle qui comptait. Elles avaient terminé leur sketch d'introduction — c'était une tradition, ce truc ; elles se présentaient à travers cette saynète, pour se mettre dans l'ambiance, pour oublier le trac, pour faire comme si elles étaient professionnelles alors qu'elles se produisaient devant une poignée de spectateurs en perdition totale. Et voilà qu'elle s'avançait sur le devant de la scène, tout sourire, pour passer aux choses sérieuses.
« Bon, assez rigolé. On va redescendre sur terre cinq minutes. Je suis sûre que chacun d'entre vous a une vie bien pourrie. Ben devinez quoi ? Aujourd'hui on va donner l'occasion à celui qui a la vie la plus pourrie dans cette salle de rigoler un peu de ses mésaventures. » Elle marqua une pause, le temps de jeter un coup d'oeil accablé à son assemblée, avant de reprendre. « Que tous ceux qui se sentent misérables partagent une de leur galère, histoire qu'on se foute un peu plus d'eux. » C'était le truc classique. C'était au public de fournir le thème du spectacle. Qu'ils bossent un peu, ces fainéants. « Toutes mes culottes sont sales, » balança une voix toute guillerette depuis le troisième rang. Cela suffit à déclencher plusieurs rires, et à faire déferler sur Mayella et ses camarades un torrent de tuiles diverses et variées. « Mon patron est un connard. » « Mon chien a bouffé mes clefs. » « Ma soeur est fan de Kanye West. » « Ma fille est une trainée. » Dans les films, une telle phrase aurait été suivie d'un silence pesant, avec un gros plan sur la personne qui avait craché une telle abomination. Mais la vie de Mayella n'était pas un film, et elle dut faire face à de nouveaux rires, à davantage de faces hilares, tandis que ces quelques mots se répétaient en écho dans sa tête. Ma fille est une trainée. Les propos avaient été clamés depuis le dernier rang, aussi ne pouvait-elle pas voir le visage de leur auteur, mais elle n'avait pas besoin de voir la personne pour en reconnaitre la voix.
Il venait jusqu'ici pour souiller sa vie. Il avait fait le déplacement rien que pour polluer son monde. Et cela marchait. Il avait tout gâché, elle le sentait. Elle se sentait glisser hors de son univers pour atterrir seule devant lui, tout exposée qu'elle était sous son projecteur défectueux. Elle se sentait rougir de mortification et s'enfermer dans son mutisme maladif. Elle se sentait tourner les talons, les yeux inondés de larmes.
Eileen saisit son bras alors qu'elle quittait la scène, et elle crut pendant un instant que c'était pour la retenir. Après tout, aucune d'entre elles ne pouvait savoir que c'était elle, la trainée — une trainée vierge, on aura tout vu — que c'était elle qui était visée, que c'était son propre père qui avait hurlé ça juste pour faire éclater la bulle dans laquelle elle se sentait intouchable. Mais Eileen ne la retint pas. Elle la guida simplement jusque dans les coulisses, essuya ses larmes avec tendresse — elles étaient toutes plus vieilles qu'elle, dans ce groupe ; elles se prenaient toutes pour sa mère — et disparut à nouveau sous les projecteurs. Mayella resta assise sur un ampli cassé jusqu'à la fin du spectacle, et bien plus tard encore. Elle envisagea de ne pas rentrer. De rester là jusqu'à ce que la mort vienne s'emparer d'elle. Mais elle finit par rassembler son courage — car il lui fallait beaucoup de courage pour retourner sous le toit de cet homme — et rentra bien après que le soleil se soit couché. Elle n'eut pas à glisser le moindre somnifère dans la nourriture de son père ce soir-là ; il jubilait.


Ce n’était pas le genre d’endroits qu’elle affectionnait particulièrement. Elle ne savait même pas pourquoi elle avait fait le déplacement. Elle passait inaperçue, dans la foule compacte qui se massait dans le minuscule sous-sol du bar. Personne ne la remarquerait, pas même Hoyt, ni Oliver. Pourtant elle était venue. Elle n’avait pas mangé ce soir-là, et avait même oublié de prendre une veste, dans sa hâte de ne surtout rien rater. La pluie avait collé ses cheveux en d’épaisses mèches qui se collaient contre son visage, mais cela ne l’aidait que davantage à se fondre dans la masse de corps en sueur. Elle détestait tout ça. C’était trop. Trop étouffant. Trop intense. Trop différent d’elle. Mais elle serra les dents et resta à sa place, au premier rang, près du mur. Invisible, mais présente. Leur fan numéro un — elle s’était elle-même attribué ce titre, cela va sans dire. De là où elle se tenait, elle apercevait la silhouette dégingandée de Hoyt, qui vivait le spectacle comme si sa vie en dépendait — peut-être était-ce le cas, peut-être que jouer l’empêchait de dérailler. Il ne la voyait pas, de là où il était, et même s’il avait été plus près d’elle, il ne l’aurait pas vue. Il ne la voyait jamais, de toute façon. De là où elle se tenait, elle voyait parfaitement Oliver, tout en finesse et volupté. Rien à voir avec la passion saccadée de son frangin, et pourtant tellement semblable à lui. Il sourit et elle sourit en retour, avant de se souvenir qu’il ne la regardait même pas.
Elle n’écoutait pas vraiment. C’était un peu trop nouveau, tout ça. Elle n’avait pas l’habitude de venir les voir, elle déclinait toujours les invitations que l’un ou l’autre des garçons s’obstinait à lui lancer, se cachant derrière un prétexte minable que personne ne gobait mais dont personne ne se préoccupait. Elle ne manifestait son soutien — son admiration — que dans le cadre privé, loin des inconnus qui se pressaient maintenant contre elle. C’était effarant, d’ailleurs, de voir la quantité de personnes qui étaient là. C’était peut-être la taille restreinte de la salle qui faisait cet effet. Ou peut-être devenaient-ils un peu connus, mine de rien, et elle n’avait rien vu venir. Aucune idée. Aucune importance.
Il était presque vingt-deux heures. C’était presque fini. Ils allaient même être à l’heure. Elle laissa un sourire se glisser timidement sur son visage et consentit enfin à se détendre. La toute dernière chanson commença — elle la connaissait par coeur — et c’est ce moment que choisit Oliver pour tendre la main dans sa direction. Son coeur cessa de battre pendant un très douloureux instant. Il voulait qu’elle monte sur scène. Elle. Pourquoi elle ? Parce qu’elle était leur fan numéro un, bien sûr. Elle commença à tendre à son tour le bras pour répondre à son invitation, trop flattée et extatique pour paniquer à l’idée de se retrouver sur une scène — estrade, plutôt — où elle n’avait rien à faire. Ce ne fut cependant par sur sa main que les doigts d’Ollie se refermèrent, mais sur ceux d’une fille à côté d’elle. Il la hissa sur scène, et tandis qu’elle s’envolait, Mayella sentit un gouffre s’ouvrir sous ses pieds et l’engloutir. Son premier réflexe fut de s’assurer que personne ne l’avait vue se ridiculiser, mais c’était inutile — elle était invisible, bon sang. Et puis le dépit la submergea, prit le dessus, la fit reculer jusqu’aux escaliers, tandis que son statut de fan numéro un tombait en miettes aux pieds de la blondinette qui se dandinait désormais avec entrain devant tout le monde.
L’air était plus respirable en haut, moins chargé. Mais elle suffoquait toujours, encore étourdie par le poids de la déception. Elle se fraya un chemin jusqu’au bar et commanda une bière — plus pour se donner une contenance qu’autre chose — avant d’avoir le temps de se souvenir qu’elle n’avait pas de quoi la payer. Elle s’apprêtait à interpeller le barman pour annuler sa commande lorsque le jeune homme assis à ses côtés lui indiqua avec jovialité qu’il allait lui la payer, sa bière, et toutes celles qui allaient suivre. Elle sourit poliment, le regard un peu morne, et décida d’attendre Hoyt en sirotant une bière. Puis une deuxième. Il était vingt-deux heures trente et son compagnon improvisé devenait plus insistant, à l’instar de la fatigue qui engourdissait ses doigts autour de sa pinte. Hoyt ne refaisait toujours pas surface. Ils allaient être en retard. « Tu attends quelqu’un ? » s’enquit finalement le jeune homme — Lewis, il s’appelait — après qu’elle eut regardé l’heure pour la quatrième fois en cinq minutes. « Oui, » répondit-elle à contrecoeur tout en s’éloignant de lui à mesure qu’il se penchait vers elle. « Je dois aller quelque part. » « Tu veux que je t’y dépose ? On peut prendre ma voiture, tu vois… » Il lui lança un regard lubrique proprement dégoûtant et elle ne put que marmonner un faible « non, merci » avant d’entreprendre de se lever. Deux mains s’abattirent cependant au même moment sur ses épaules, la scotchant sur son tabouret, et elle se retourna pour voir le visage réjoui d’Oliver à quelques centimètres du sien. « Mayes ! Tu es venue ! » Elle hocha piteusement la tête et ne put s’empêcher de se détester lorsqu’elle réalisa que cela lui faisait plus mal de constater qu’il n’avait même pas remarqué sa présence que de croire qu’il l’avait sciemment ignorée. Elle était vraiment invisible.
Il ôta ses mains de sur ses épaules pour les enfouir dans ses poches. Elle avait remarqué qu’il était de plus en plus réticent à maintenir le moindre contact physique, dernièrement — c’était blessant, mais elle ne disait rien. « Ça t’a plu ? » « Oui, » pépia-t-elle d’une voix fluette, la gorge nouée. « Ça me fait vraiment plaisir que tu sois venue, tu sais ? Je te paye un verre ? » « Non, c’est bon, merci, j’ai eu ma dose je crois. » Elle se leva et lui fit face, presque à contrecoeur. « Tu sais où est Hoyt ? Ils passent Love with the Proper Stranger au cinéma à vingt-trois heures et il m’avait promis qu’on irait… » Il secoua la tête en signe de dénégation et l’attrapa doucement par le bras, la guidant à travers la salle un peu trop encombrée à son goût. « On va le trouver. »
Et ils le trouvèrent. Complètement défait. Contre un mur, à l’extérieur. En train de peloter allègrement une fille — est-ce que c’était la blonde de tout à l’heure qu’elle reconnaissait là, ou est-ce qu’elle devenait parano et voulait à tout prix que cette fille soit à l’origine de tous ses malheurs ? « Sérieusement ?! » La colère qui propulsa ce simple mot hors de sa bouche l’étonna elle-même. Elle en avait marre de la négligence de Hoyt, de l’indifférence de tout le monde, de ne jamais être la priorité de personne. Ses pieds décidèrent d’eux-mêmes de briser le silence nocturne, bravant le froid mordant pour chercher à se poster devant son frère — l’épave qui lui servait de frère. Elle allait le frapper, le défigurer, lui montrer ce que c'était que d'être elle et de recevoir des coups de la part de tout le monde. Mais ce bougre de Prewett la retint par le bras, l’empêchant de parcourir plus de trois pas les séparant de Hoyt. Pourquoi faisait-il ça ? Croyait-il vraiment que la distance l’empêchait de voir que son propre frère était complètement ivre, ou drogué, ou Dieu savait quoi ? Pensait-il sincèrement qu’elle ne pouvait pas voir, de là, l’incohérence de ses gestes, comment il palpait le corps de cette fille avec ses mains maladroites ? Elle se demanda vaguement ce que cela faisait de se faire tripoter de la sorte, mais un coup d’oeil furtif vers Oliver la ramena sur terre avec une soudaine sensation de malaise. Ils la dégoutaient tous. Il était vingt-deux heures quarante-cinq. Il était trop tard. Elle allait rater son film. La seule chose qu’elle ait demandée depuis des mois.
Elle se dégagea de l’étreinte d’Ollie et tourna les talons, toute tremblotante — de froid comme de désarroi. Elle allait rentrer à pieds, cela lui permettrait de se calmer. Elle n’avait pas d’autre choix, de toute façon. Elle marchait vite, vite, vite, aussi vite que possible pour s’éloigner de la catastrophe qu’avait été sa soirée. Pas suffisamment vite, cependant, pour semer les grandes jambes d’Oliver. « Pas si vite, Mayes. Je suis garé de l’autre côté. On peut encore y arriver à l’heure. » C’était du Oliver tout craché. À assumer un rôle qui n’était pas le sien. À se forcer à accompagner la soeur de son meilleur ami pour Dieu savait quelle raison. « Laisse tomber, Ollie. C’est pas important. C’est pas grave. » C’était important. C’était grave. C’était grave pour tellement de raisons qu’elle était incapable de dire comment il était possible qu’elle ne soit toujours pas en train de pleurer.
Elle marchait toujours, mais moins vite. Et elle ralentit encore plus — s’arrêta pratiquement, même — lorsqu’elle sentit la main du jeune homme se saisir doucement de la sienne. Ce ne fut qu’une fois arrêtée qu’elle se rendit compte qu’elle tremblait pour de bon. Il le vit, lui aussi, car il lâcha sa main, retira sa veste qu’elle connaissait si bien, et la lui posa sur les épaules. C’est à ce moment-là, lorsqu’elle croisa son regard, qu’elle comprit pourquoi il faisait ça. Il avait pitié d’elle. Beaucoup auraient été rebutés à l’idée de susciter la pitié des gens. Mais Mayella avait tellement peu l’habitude de provoquer autre chose que l’indifférence qu’elle étreignit avec plaisir cette nouveauté, et fit finalement demi-tour — en faisant semblant de trainer des pieds, cela dit. « T'as pas intérêt à faire le moindre commentaire sur la façon dont Steve McQueen aspire la bouche de la pauvre Natalie Wood. »
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